Le groupe était arrivé à Tours dans la nuit. Ils n'avaient guère fait de pause, avalant d'une traite la route depuis Chambéry. Yvaniès n'avait que peu dormi, attitude somme toute ordinaire. Quelques point de commerce à régler, deux chambres à trouver à l'auberge pour la petite et lui-même, il n'aimait pas perdre de temps à flâner, l'âge et l'expérience lui avaient ôté l'insouciance et le plaisir qu'on prend à ne rien faire.
Depuis quelques jours, déjà, une idée avait germé dans son esprit. Son installation ne faisait aucun doute, son futur serait en Touraine, aucune question ne venait interroger cet état de fait. Mais quelle voie donner à l'investissement qu'il recherchait ? Quelle vie entamer pour sortir de ces ombres qui, si longtemps, l'avaient masqué ? Sa démarche interrogerait surement, mais le panneau d'affichage de la mairie le conforta, et il partit.
Direction la Chancellerie Tourangelle où, semblait-il, on recherchait des diplomates. Il avait pris le temps de s'apprêter, se lavant de la poussière du voyage, chassant au mieux les cernes et les signes visibles de son récent empoisonnement. Pour les cicatrices, il ne pouvait rien, et son visage conservait son aspect martial et scarifié, sa froidure et sa rudesse qui faisaient peur à certains et en attiraient d'autres... Chemise noire, braies noires, bottes de la même couleur et un mantel guère plus rieur. La Miséricorde à la ceinture, pas d'épée visible et les poches cachées de sa chemise remplies. Ses cheveux blancs étaient ramenés, comme toujours, en catogan. Sobre et propre. Voila l'impression qu'il souhaitait donner.
On lui indiqua la route, il la suivit et arriva de son pas lent et décidé devant l'entrée du Château, se présentant sommairement au Poste de Garde et demandant audience:
Bonjour. Je suis Yvaniès Daktom, récent Tourangeau et désireux d'intégrer l'Organe de la Diplomatie du Duché. Je souhaiterais pouvoir rencontrer la personne compétente à répondre à mes attentes, s'il vous plait.